« Différences et similitudes. »

Silence

Sahale

Silence.

Silence, toi qui est frère de tout ce qui est paisible. La Paix est paisible, tu sais. La sagesse aussi. Tout comme la Mort. Je vous voie déjà trembler, écarquiller vos pauvres petits yeux d'innocent à ce simple mot. Pourquoi donc la Mort est-elle tant crainte ? N'est-ce qu'une question d'instinct, primaire et bestial ? Nous nous raccrochons tous désespérément à cette chose insensée nommée Vie. Ne nous a-t-elle pas trop fait souffrir ?
Quand on a quelque chose à protéger, on n'a pas peur de la Mort. C'est la différence entre celui qui renie ses sentiments et celui qui en fait sa force.

Silence.

Oui, ô silence, tapit dans chaque ombre et chaque éclat. Que cherches-tu, à régner ainsi depuis le commencement des Temps ? Bonté ou haine, paix ou guerre ? Mystère. Oui, tu es un vrai mystère, Silence, tu le sais, non ? Tant d'interrogations... Ça doit être ça, au fond, ton but : nous pousser à nous questionner, nous pousser à la folie. Tu lui ressembles, tu lui ressembles tant... Ô Silence, frère du Loup...

Silence.

Encore ce silence, qui revient, encore et encore, qui folâtre et qui se joue de nous. Je t'aime bien. Tu m'amuses. Et je t'amuses, comme chaque être dont tu fais ta proie. Tu me rappelles ces longues solitudes, ces milliers de petites perles aux reflets de diamants nommées "larmes" que j'ai put voir sur les visages. C'était... Intéressant. Diantrement intéressant, même.

Un pas. Puis un autre. Le Loup, furtif et alerte, se glissait entre les troncs des arbres. Ses naseaux dilatés humaient une odeur connue et dangereuse. L'Homme. L'Homme était sur ses terres, et menaçait son harem. Ils étaient tout proches. Il fallait les éloigner.
Derrière lui, un léger bruit de feuilles lui fit basculer les oreilles. Il tourna la tête. L'autre mâle, légèrement plus petit, le suivait maladroitement. Mais c'était un jeune étalon rapide, qui porterait vite l'alerte à la harde si les Hommes s'approchaient trop. Sahale ne pouvait se permettre d'affronter seul cette menace.

Les bruits l'avertirent tôt. Le tambour des sabots martelant le sol, le son régulier des souffles. Ils arrivaient, vivement, piétinant ses terres. Le Loup bondit en avant, galopant droit vers l'ennemi.
Il trouva bientôt les Indiens. Un petit groupe, apparemment à la recherche de nouvelles montures. Cinq forts chevaux, tous montés. Le Loup se dressa face à eux, ordonnant au jeune qui le suivait de prévenir le troupeau. Il savait qu'il avait bien peu de chances d'échapper aux adversaires. Mais il tenta tout de même sa chance. La poursuite s'engagea. Il connaissait ses terres, il était fort, rapide et endurant. Le Loup réfléchissait. S'il échappait aux poursuivants, ceux-ci continueraient leurs recherches, et iraient peut-être même jusqu'à trouver le troupeau. S'il était prit, ils le ramèneraient fièrement à leur camp. Sahale connaissait vaguement le camp indien. On pouvait s'en échapper assez facilement. Et les humains, là-bas, se montraient souvent compréhensif.
Il ralentit. Il fit face. Les lassos s'enroulèrent autour de son encolure, et les indiens poussèrent des cris de victoire.

(c) PF

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